Il 
                est trop souvent admis que les Romains sont à l’origine 
                du réseau routier de la Gaule.  
              L’étude 
                de la vie sociale et économique de l’époque 
                Celte montre l’existence de grands courants d’échanges 
                commerciaux entre les différentes peuplades.
              Il 
                existait donc, en Gaule, un réseau routier important et 
                les communications terrestres étaient déjà 
                satisfaisantes sur des chemins et des routes assez entretenus 
                que les légions romaines ont pu emprunter pour avancer 
                rapidement. Jules César en apporte le témoignage 
                dans sa ‘guerre des Gaules’ décrivant la facilité 
                de la progression de ses légions.
              Les 
                Romains installés à Riez augmentèrent la 
                fréquentation des trajets Moustiers – Castellane 
                – Grasse et Castellane – Digne. Cette voie romaine, 
                mentionnée dans un acte de 1045 environ, a laissé 
                des traces : de Moustiers elle atteignait Suech après la 
                traversée du plan de Châteauneuf, franchissant le 
                Baou au Ponsonnet après avoir suivi le ravin de Praou.
                La voie romaine gagnait ensuite Castellane par Chasteuil ; les 
                romains préféraient les tracés en hauteur 
                qui assuraient une meilleure sécurité à ceux 
                qui les empruntaient.
              Au 
                milieu du XIXe siècle, elle sera encore l’unique 
                voie de communication entre Moustiers et Castellane sous la dénomination 
                administrative de ‘route départementale N° 10.
              Les 
                routes romaines sont construites avant tout par les légionnaires 
                romains entre deux campagnes : on creuse deux fossés latéraux 
                pour l’écoulement de l’eau puis on enlève 
                la terre. La solidité de la route est donnée par 
                la couche de fondation formée de grosses pierres, recouvertes 
                d’une couche inférieure de graviers et enfin une 
                couche supérieure de roulement faite de gros pavés.
                Exemple de voie romaine.
                Le réseau de routes est complété par un groupe 
                de pistes qu’utilisent les troupeaux en transhumance et 
                les colporteurs : les drailles. 
               
                Sur la draille qui relie Draguignan à Castellane en passant 
                par Comps se raccorde une draille de moindre importance qui atteint 
                Rougon en enjambant le Verdon au Tusset, là ou se dresse 
                encore un pont dit ‘romain’, à tort, même 
                s’il est ancien et fort beau, construit par des paysans 
                pour éviter de longues journées de marche pour apporter 
                leur moisson au seigneur.
                L’axe transversal Moustiers – Castellane au XVIIe 
                siècle n’est qu’un chemin muletier très 
                mal entretenu et qui suit le tracé de l’ancienne 
                voie romaine. Trigance se relie à cet axe par un chemin 
                qui enjambe le Verdon au pont ( de bois) de Carajuan. Pour construire 
                celui-ci en 1643, le conseil de Rougon avait autorisé Pierre 
                Brun de Castellane, seigneur de Rougon, à prendre des chênes 
                dans le défens des Moulières. La construction dura 
                trois ans et dès 1645 le conseil de Trigance décide 
                d’ouvrir le chemin conduisant au pont. En 1663 la communauté 
                de Rougon entame (déjà !) une procédure pour 
                malfaçon contre Esprit Gauthier d’Aimot, à 
                qui elle avait confié la construction. 
              Le 
                Verdon cause souvent bien des dégâts : les crues 
                liées en partie au déboisement occasionnent des 
                destructions. Le pont dût être reconstruit par Rougon 
                et Trigance en 1703, et en 1994…
              Remerciements 
                à Jean pour son aide et sa participation.
                
                Texte inspiré du livre: 
                « Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à la 
                Révolution » de Jacques CRU (Edisud 2001)