Pillages
et grande terreur règnent aux environs de l’an
1000. Au XIe siècle, les familles aristocratiques
de Castellane et Riez-Moustiers doivent assurer la protection
des paysans mais leur nombre est tel que trois châteaux
devront être construits qui seront à l’origine
des 3 nouveaux villages : Rougon le neuf, La Palud et ‘Castrum
novum’ futur Châteauneuf les Moustiers.
Vestiges
du premier château de Rougon : XIe siècle.
Le
premier château de Rougon qu’ils édifièrent
pourrait se situer à l’ubac de la barre des
Catalans qui domine le village à 1330m : une fortification
constituée d’une triple enceinte semi-circulaire
encore visible aujourd’hui mais qui semble avoir été
rapidement détruite. En effet, au début du
XIIe siècle, les Boniface de Castellane renforcent
les défenses de leur territoire contre les prétentions
des comtes de Provence. Mais en mars 1188, le roi d’Aragon,
Alphonse I°, comte de Provence, installe une garnison
qu’il confie à Hugues de Montréal, sur
le territoire de Rougon : le nom de barre des Catalans perpétue,
à l’évidence, le souvenir de cette occupation
par un sujet du roi d’Aragon.
La
barre des Catalans.
Dans
un texte de 1238, fondant le bailliage de Digne, La Palud
et Rougon ne forment qu’un unique et même castrum
mais seuls les Hauts de Rougon sont mentionnés, la
seigneurie proprement dite est donc restée possession
des Castellane. Vers 1200, Boniface V de Castellane élève
donc un nouveau château construit sous forme d’un
château à trois tours (que l’on retrouve
sur les armoiries actuelles) sur le piton rocheux dominant
le village. Ainsi, le village perché de Rougon aurait
– il son origine dans ce château fort autour
duquel, comme en d’autres lieux à cette époque,
les paysans se regroupent par sécurité.
Après deux guerres comtales, le village sera rattaché,
fin XIIIe à la baillie de Draguignan.
En
1390, la Reine Marie de Blois donne le fief de Rougon à
Louis de Glandevés, co-seigneur de Châteauneuf-les-Moustiers,
Rougon restera dans la famille jusque dans les années
1560. C’est Louis de Glandevés qui construit
, ou en tous cas restaure, le puissant château dont
les ruines couronnent toujours le
village actuel .
On
ne sait si ce château au sommet du piton a jamais
été habité : on pense qu’il servait
plutôt de lieu de repli éventuel en cas d’agression
; en tous cas il y avait un portail et un pont-levis ; il
comportait aussi des souterrains qui ont été
bouchés à cause du danger qu’ils représentaient.
L’arc actuel, jeté au dessus de l’abîme
serait situé vers l’emplacement présumé
de l’ancien donjon.
Quels
trésors d’ingéniosité fallut
– il développer pour construire ces arches
jetées sur le vide entre deux rochers? En 1900, en
raison des risques d’effondrement, des pierres tombant
sur les toits du village situé juste en dessous,
une partie de ces ruines fut démolie.
Il
ne reste que quelques pans de murs consolidés et
une arche : la seconde ayant été démolie
récemment pour des raisons de sécurité.
La vue y est exceptionnelle sur le village, les Gorges et
le Grand Canyon du Verdon.
Attention
le site n’est pas sécurisé : l’accés
bien que figurant sur les guides est réservé
aux personnes bien chaussées, peu sensibles au vertige
; les enfants doivent être efficacement surveillés.
Ascension à proscrire les jours de vent, de pluie
et … d’orages.
Girard d’Ambrois prête hommage en 1562 pour
la seigneurie de Rougon, cédée par Pierre
de Glandevés. Les Ambois auraient résidé
au village où ils auraient construit une maison seigneuriale
sur la place du village. Lucrèce d’Ambrois
apportera en dot Rougon à son mari Balthazar Brun
de Castellane. Fin XVIIe, Scipion Brun de Castellane épousera
Judith de Legouche qui n’aimait pas la vie à
Rougon. Le couple vit donc à Manosque ; mais, quand
il vient à Rougon, il réside dans une ‘belle
demeure’ qu’il aurait aménagé
au cœur du village.
Demeure qui fut détruite dans les années 1960
pour agrandir la place.
Remerciements
à Jean pour son aide et sa participation.
Texte inspiré du livre:
« Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à
la Révolution » de Jacques CRU (Edisud 2001)
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