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Cette chapelle reconstruite
fin XVI° début XVII° sur l’emplacement
de l’église paroissiale médiévale
primitive a été restaurée en 2010 et
son décor liturgique contemporain créé
par Raymond Martinez lui confère pureté et
sobriété propice à la méditation…
Le samedi 12 juin 2010, Monseigneur François-Xavier
Loizeau, évêque de Digne, a présidé
la messe inaugurale au cours de laquelle il a béni
la chapelle St Christophe de Rougon dont les travaux de
rénovation venaient de s’achever. Le Père
Gabriel Clause (curé de la paroisse), le Père
Guy Gilbert (le célèbre “prêtre
des loubards” très attaché à
Rougon où il officie depuis 30 ans) et le Père
Serge de Pas (curé de Comps-sur-Artuby) concélébraient
avec l’évêque de Digne.
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L’ancien autel a été
avancé et prend la place d’un vieil autel en
bois. La table d’autel est celle du maître autel
qui était au fond du choeur et dont nous ne connaissons
pas la datation exacte. Le pied d’autel actuel a été
découvert lors de la rénovation quand le bâti
de l’autel a été enlevé. Il est
vraisemblablement celui de l’église originelle
(sur laquelle a été reconstruite l’actuelle
chapelle) et donc médiéval.
Le mur du fond a été laissé sans enduits
en pierres apparentes pour montrer son agencement médiéval
(XII° ou XIII° siècle). Les autres murs ont
été enduits à la chaux.
Le jour en fente (qui avait été obstrué
et dont l’existence était cachée par
un grand tableau ex-voto dédié à St
Christophe qui sera restauré ultérieurement)
a été rouvert et des bancs de bois ont été
réalisés autour du fond du choeur par l’entreprise
Rouvier qui a également réalisé les
portes du placard à droite dans la nef (à
l’emplacement de la porte d’entrée primitive
de la chapelle).
A Le gros oeuvre a été confié à
l’entreprise IMV.
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Porte
du placard de la Nef
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Le
choeur de la chapelle au cours des travaux réalisés par l’entreprise
chargée du gros oeuvre : le décroûtage est en cours, le jour
en fente a été rouvert |
L'oeuvre de Raymond
Martinez - Sculpteur verrier à Lurs (04)
« Le buisson ardent
» : en son coeur une croix de lumière. La photo
a été prise le soir de l’installation
de l’oeuvre le 4 décembre 2009 ; l’éclairage
est assuré par un spot placé derrière
l’oeuvre en cristal de Prague coloré. (Le cristal
est un verre contenant au minimum 22% de plomb). L’oeuvre
fait référence au buisson ardent du Livre
de l’Exode au coeur duquel Dieu se révèle
à Moïse et veut traduire la permanence d’un
amour qui ne se consume pas. La photo de la première
page représentant le choeur après rénovation
montre cet élément de cristal (traité
selon la technique de la pâte de verre) éclairé
par la lumière naturelle du soleil le matin ; la
comparaison des deux éclairages permet de voir les
effets différents produits par la lumière
sur l’oeuvre de l’artiste.
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Zoom
sur l'image Zoom
sur l'image
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Raymond Martinez a également
imaginé et créé, grâce à
ses talents de sculpteur sur métal, un lutrin et
un tabernacle sobrement décorés de branches
d’olivier stylisées dont la facture résolument
moderne s’accorde avec la pureté de l’architecture
médiévale de la chapelle primitive. Sur le
tabernacle, un cabochon de cristal coloré sur lequel
a été inscrite en lettres d’or une citation,
en grec biblique, de la phrase de St Paul : « l’amour
ne passera jamais » (reprenant le thème de
la permanence de l’amour divin suggéré
par « le buisson ardent »)
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La symbolique axiale de la chapelle
reprend des thèmes du Livre de l’Apocalypse
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Dans le « devant
d’autel » en bois polychrome, qui a été
restauré et placé au fond de la nef
par l’artiste restauratrice Danièle AMOROSO
et qui représente l’Agneau de l’Apocalypse
couché sur une croix reposant sur le Livre
de l’Apocalypse (le panneau est encadré
de branches d’olivier reprises par R. Martinez
dans le mobilier liturgique)
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Dans les gypseries présentes
à l’entrée et sur le plafond du choeur.
Toutes ces gypseries ont été restaurées ou créées
par Pierre CARON
- le chrisme (les lettres grecques majuscules « XP»,
« chi » et « rhô» sont les 2 premières lettres de
« Christ » en grec) entouré de l’alpha et l’oméga
(présents sur le médaillon de gypse de l’arc triomphal
à l’entrée du choeur, créé par P. Caron) évoqués par
St Jean dans le Livre de l’Apocalypse pour désigner
le « Christ en gloire », au commencement et à la fin
de toute chose. (Au passage, la mandorle utilisée
pour porter et « souligner » l’oeuvre de cristal de
la fenêtre axiale du choeur est également une façon
de signifier « la gloire » du Christ vainqueur des
forces du mal).
- l’étoile blanche (au plafond à l’entrée du choeur),
rappelant « l’étoile brillante du matin » qui désigne
Jésus dans le dernier chapitre du même Livre,
- et enfin la colombe de l’Esprit (qu’on trouve également
sur le plafond du choeur) : c’est l’Esprit « qui parle
aux 7 églises » à qui s’adresse le Livre de l’Apocalypse.
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Le buste en bois doré
et peint de Saint Christophe, récemment restauré
par Cyrille AUGIER date de la fin du XVI° début
XVII° : la datation de ce buste ainsi que du carrelage
à carreaux colorés et disposés
en croix (caractéristique à partir du
XVII°) font penser que la reconstruction de la
chapelle médiévale primitive date de
cette période charnière entre le XVI°
et le XVII° siècle. On pense que l’église
primitive ne présentait aucune ouverture au
fond de la nef mais une porte latérale au fond
sur le côté sud, dont des vestiges sont
visibles à l’extérieur depuis
le cimetière.
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Sur le mur de la face nord
du choeur les restes d’une ancienne pierre d’autel
remontant à un période située entre
le XIII° et le XV° siècle ont été
mis en valeur par R. Martinez qui les ont enchâssés
dans un écrin de métal harmonisé avec
les autres éléments décoratifs contemporains.
La pierre d’autel de l’ancien maître autel
a été recréée et placée
avec des reliques de Ste Thérèse de Lisieux
et Ste thérèse d’Avila au centre de
l’autel actuellement placé en avant du choeur
sous l’étoile.
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ancienne
pierre d’autel médiévale - zoom sur l'image Zoom
sur l'image
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La
nouvelle pierre au centre de la table d’autel.
On remarquera sur cette photo la disposition des carreaux
colorés vernissés en croix caractéristique
des carrelages à partir du XVII° siècle.
Photo
Jean-Marc DELAYE
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La Vierge Reine
Cette Vierge à l’enfant
contemporaine dont on peut dater l’original de la
fin du gothique est de conception classique.
Elle évoque par sa dimension et sa facture les
statues de chapelles et d’oratoires que l’on
pouvait voir par milliers dans les villages carrefours
et sanctuaires de toute la France à partir d’une
certaine époque où le culte de la Vierge
Marie pénétra davantage la vie quotidienne.
Cette statue originaire de Savoie, en dolomie (pierre
reconstituée) a été acquise auprès
du Monastère de La Verne (83) où vit la
Congrégation des Moniales de Bethléem, de
l’assomption de la Vierge et de Saint Bruno.
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Zoom
sur l'image |
L’auvent AVANT et
APRES rénovation…
Les vieux enduits ont été décapés
et remplacés par des enduits à la chaux, la
calade très dégradée a été
remplacée par un revêtement de dalles de Canjuers
et les murets ont été carrelés. (Photos
Fernand Garnier)
La porte d’entrée a été changée
par l’entreprise Rouvier en reproduisant un aspect
à l’ancienne.-voir photos
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cliquer sur les images pour "zoomer"
- (Photos Fernand Garnier) |
Qui est St Christophe
?
Saint Christophe est, semble-t-il, un martyr légendaire.
Il fut supprimé du calendrier romain en 1970, mais rassurons-nous,
depuis des siècles que ce prénom a été donné, il n’a certainement
pas manqué de « Christophe » qui ont eu une vie exemplaire
digne d’être sanctifiée ! Selon la légende, St Christophe
était d'une stature gigantesque et il fut converti par un
ermite qui eut l'idée d'utiliser ses capacités hors norme
pour l'instituer "passeur de rivière" en un lieu où nombreux
étaient les pèlerins qui se noyaient. Il est dit qu'un jour,
le saint aurait ainsi été amené à porter sur ses épaules
l' Enfant-Jésus, comme on le voit ici représenté sur la
statue qui est placée dans la niche de l’auvent et qui est
une reproduction de Maryse BRAVIN d’un St Christophe du
XIV° de la commune de Boulbon ; cette oeuvre a été réalisée
grâce à l’entremise de Jean Dieudé de l’Association Connaissance
et Sauvegarde des Oratoires de nos Pays de France). Après
avoir déposé l'enfant, une fois la rivière traversée, Christophe
aurait dit "Ce gamin pèse aussi lourd que le monde". L'enfant
lui aurait répondu : "Tu as eu sur toi plus que le monde
entier, tu as eu son Créateur, je suis le Christ que tu
sers ». « Christophe » veut dire "qui porte le Christ" :
au delà de l'imagerie de la légende, l'histoire de St Christophe
rappelle aux chrétiens que celui qui vient en aide à un
de ses frères humains en le soutenant au temps de l'épreuve,
c'est le Christ lui-même qu'il porte ; d'autres ont vu dans
cette traversée des eaux le symbole du passage, par le martyre,
de la mort à la vie en Dieu. En tous cas, en raison de sa
légende, St Christophe est devenu le patron des voyageurs,
des touristes, des porteurs, des automobilistes (et même
des petits enfants en trottinette !!!).
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La chapelle Saint
Christophe, son campanile et sa cloche (photos Fernand Garnier)
Cette cloche fut inaugurée en 1817 et mesure 0 m
54 de diamètre. Selon J. Gean et J Giordanengo, elle
porterait le nom du parrain Joseph B.A. de Roux, inspecteur
des Gardes Nationales, de la marraine Louise (… ?),
du recteur de Rougon de l’époque (B.A. Audibert),
et la croix surmontée classiquement du mot «
INRI » (traduction abrégée du latin
signifiant « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs)
elle serait entourée de Marie Madeleine et d’un
St Christophe tenant un missel de la main droite. Le nom
du fondeur n’est pas précisé.
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cliquer sur les images
pour "zoomer" - (Photos Fernand Garnier)
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La chapelle Saint Christophe et le cimetière paroissial
pris au zoom en plongée depuis les flancs de la montagne
en contrebas de la barre des Catalans
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la façade sud de la chapelle avec les deux fenestrons
de la nef encadrant une croix sur laquelle a été placée une
statue de Marie en fonte qui provient d’une ancienne croix
de mission. On retrouve enfin la très ancienne porte latérale
d’accès à la chapelle avec à sa droite une pierre de réemploi
dont l’origine pourrait être gallo-romaine. |
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Textes de jean Garcette
Nous remercions tous ceux
qui ont contribué à cette belle réalisation,
qu’il s’agisse des donateurs, du sénateur
Domeizel, du Conseil Général et du Conseil
Régional qui ont largement subventionné les
travaux ou des personnes qui ont accompagné la réalisation
du projet comme Mme J.Ursch, ex conservatrice des Archives
Départementales et du Patrimoine du 04 ou Mme M.F.
Brunel, présidente départementale de la Fondation
du Patrimoine qui a soutenu financièrement la rénovation
: cette rénovation est, au final, le fruit d’un
travail d’équipe et d’une concertation
réussie entre tous les intervenants.
Toutes les oeuvres d’art religieux qui décorent
la chapelle ont été sécurisées
après leur restauration ou leur création récente
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